Mesures des émissions à la source
Dans le cadre des missions de l’ANPE (loi 2007-34) en matière de surveillance de la qualité de l’Air (RNSQA) la Direction de suivi des milieux a développé des moyens pour l’évaluation des émissions de polluants des principales sources fixes de pollution atmosphérique. et ce par :
- L’acquisition d’un laboratoire mobile de mesure de la qualité de l’air à l’émission (coopération. Tuniso-italienne)
- renforcement de ce camion laboratoire par l’acquisition en 2011 (projet AFD) de 2 appareils portatifs de mesure des gaz à l’émission (O2, CO2, CO, NOx, SO2) de 2 analyseurs des hydrocarbures (C3H8, CH4, H2S) et 2 analyseurs de poussières
- renforcement de ce camion par l’acquisition en 2012 (projet GIZ) 2 échantillonneurs de gaz à l’émission mesurant les SO2, HCl, HF, Hg et métaux lourds
- l’acquisition en 2014 de deux analyseurs portatifs de combustion, 2 impacteurs de poussière,
Ces campagnes de mesure à la source permettent entre autres de :
- quantifier les principales émissions atmosphériques des différents secteurs industriels en Tunisie et mieux connaitre leurs spécificités en matière de rejets atmosphériques
- de participer à l’établissement et la mise à jour régulière de l’inventaire spatialisé des émissions polluantes comme source d’entrée de données pour les modèles numériques de prévision de la qualité de l’Air
L’inventaire spatialisé des émissions polluantes
L’ANPE a élaboré un inventaire spatialisé ou cadastre des émissions polluantes qu’elle est appelée à mettre à jour régulièrement.
Il s’agit d’une évaluation des flux de polluants rejetés dans l’atmosphère par les principales sources de polluants dans une zone géographique déterminée et pour une période de temps donnée.
L’objectif est de recenser la totalité des émissions atmosphériques non négligeables en quantité, qu’elles proviennent de sources naturelles ou anthropiques. Il s’agit donc d’une estimation à partir des données statistiques en général. Le recours aux mesures pour la collecte des données est une option pour avoir des résultats précis pour les grandes sources polluantes ou en cas d’absence des données statistiques.
Dans un cadastre d’émissions, les données d’émissions sont localisées géographiquement au niveau de leur source à l’aide d’un Système d’Information Géographique (SIG).
Les polluants considérés dans cet inventaire ?
Les polluants considérés dans cet inventaire sont : les oxydes de soufre, les oxydes d’azote, les poussières, les COVNM, le CH4.
Les objectifs du cadastre
Dans un contexte d’étude de la qualité de l’air ou de gestion de l’environnement atmosphérique, l’établissement d’un cadastre d’émissions peut être une étape vers d’autres projets et non une finalité en soi. En effet le cadastre peut avoir deux catégories d’applications au niveau régional ou local.
Utilisé tel quel, il permet de:
- Obtenir des indications sur la répartition et la part locale des émissions.
- Connaître la contribution des différents secteurs économiques dans les émissions atmosphériques.
- Aider les collectivités locales à déterminer les choix stratégiques à mettre en œuvre
Utilisé à des fins de modélisation de la qualité de l’air, il permet de :
- Constituer des données d’entrée indispensables pour les modèles destinés à prévoir d’éventuels pics de pollution ou bien à étudier des situations ou épisodes météorologiques particuliers.
- Caractériser la qualité de l’air sur l’ensemble du territoire, en particulier sur les zones non couvertes par des appareils de mesure.
- Simuler des résultats de la qualité de l’air afin de tester des stratégies de réduction des émissions, des plans d’occupation des sols : ‘Implantation d’établissement industriels, construction d’un pont, d’une rocade...’.
- Contribuer à l’optimisation des réseaux de surveillance de la qualité de l’air
De même, le cadastre est aussi un outil indispensable pour l’établissement de plans de conservation de la qualité de l’air dont l’Agence Nationale de Protection de l’Environnement est appelée à élaborer en collaboration avec les collectivités locales et les structures et établissements publics concernés et ce en application de la loi n°2007-34 du 04 Juin 2007 sur la qualité de l’air .
Les sources d’activités polluantes considérées :
Toute source susceptible d’émettre des émissions polluantes est à considérer dans un inventaire des émissions ou encore ce qu’on appelle cadastre des émissions.
Il est classique de classer les sources d’émissions en trois catégories :
- Les Grandes Sources Ponctuelles (GSP). Il s’agit de sources fixes d’émission qui sont suffisamment importantes pour pouvoir être individualisées et collecter toutes sortes d’informations nécessaires. Par exemple, une cimenterie, une centrale thermique, une grande briqueterie, voire même, un aéroport, un port, une très grande décharge, etc… peuvent, compte tenu de l’échelle géographique à laquelle on travaille, être définies comme des GSP. La notion de « ponctualité « doit être relativisée en fonction de l’échelle d’observation.
- Parmi ces GSP nous retrouvons les industries chimiques, LES RAFFINERIES, les centrales thermiques, les ports et les aéroports
- Les Grandes Sources Linéaires (GSL). Comme précédemment, il s’agit de sources fixes d’émission par des véhicules automobiles qui sont suffisamment importantes pour être individualisées et collecter toutes sortes d’informations nécessaires. Par exemple, des tronçons d’autoroute, de routes d’avenues, etc… peuvent être définies comme des GSL.
- Les Sources Surfaciques (SoS). Les Sos regroupent toutes les sources qui, de par leur taille et/ou leur nombre, ne peuvent pas être individualisées dans des conditions raisonnables. Par exemple, les petits établissements industriels, les activités domestiques, l’artisanat, les activités agricoles, le trafic routier secondaire effectué dans le réseau secondaire, etc… peuvent être définies comme des SoS.
Dans le présent cadastre relatif à cinq régions tunisiennes, les types de sources ont été classifiés de la façon suivante :
GSP | GSL | SoS | |
---|---|---|---|
Centrales thermiques | x | ||
Raffinage | x | ||
Industrie manufacturière | x | x | |
Cimenteries | x | ||
Foyers domestiques | x | ||
Activités tertiaires | x | ||
Agriculture machines et serres | x | ||
Emissions biotiques | x | ||
Autoroutes, RN, avenues, etc… | x | ||
Trafic routier secondaire | x | ||
Grandes lignes de chemin de fer | x | ||
Ports, aéroports, | x |
L’approche adoptée dans le cadastre national est à caractère ascendant, désignée par l'expression "bottom-up" par les anglo-saxons. Elle consiste à utiliser une information détaillée de base et à la croiser à un facteur d'émission unitaire qui dépend de l'activité émettrice.
Pour le trafic routier, le modèle COPERT IV est utilisé pour l’estimation des émissions pour chaque gouvernorat. Un calcul est ensuite enchaîné pour l’estimation des émissions sur les routes.
La spatialisation est la dernière des étapes de l’inventaire. Ainsi les résultats sont représentés sous forme de carte avec maillage de 1 km sur 1 km.